Témoignage de Jocelyne Martinez

On a l'habitude de faire l'éloge de Monsieur Pupier, mais je voudrais pas le biais de ce commentaire adresser un coup de chapeau aux stagiaires qui franchissent la grille d'entrée et à qui il faut une bonne dose de motivation avant de savoir à quelle sauce ils seront mangés, car c'est effectivement la première impression que j'ai eu avant de franchir les grilles.....!!

Lundi matin, 8 décembre, j'arrive devant les grilles fermées, mais je ne suis pas seule, il y a déjà une camionnette devant moi avec à l'intérieur 2 gars qui ne semblent pas vouloir bouger de leur véhicule. Je m'inquiète de leur immobilité et vais à leur rencontre, je crois comprendre qu'ils sont de France telecom ou EDF, je ne sais plus très bien, mais tout ce que je vois c'est que ce n'est pas n'importe lequel des "gloglos" de démarcheurs et donc qu'ils sont sûrement attendus .

Devant leur manque d'entrain et pensant avoir à faire à 2 flemmards, je leur demande s'ils ont sonné "impossible y'a pas de sonnette" me répondent-ils, je leur demande alors s'ils ont pensé à téléphoner puisque le numéro est affiché, autant s'en servir, nouvelle hésitation de leur part, "oui mais ya des chiens qui aboient, et y z'ont pas l'air contents", je commence à comprendre leur manque d'entrain, mais ils ne sont pas au bout de leurs surprises...

Ils sont sur le point de repartir, heureusement que ma voiture est derrière et les gêne, je leur explique que le propriétaire des lieux attend des stagiaires et que par conséquent il ne peut qu'être là donc inutile de repartir, "oui mais c'est pas grave on peut revenir un autre jour" tente l'un d'entre eux, "inutile d'insister, si vous êtes là c'est que le propriétaire a besoins de vos services, je l'appelle il y en a pour une minute" .... Je compose le numéro et après quelques secondes d'attente, j'ai enfin quelqu'un qui décroche :

Moi :"Bonjour, je suis...et blablablablabla"

HP : "oui"

Moi : "dehors il y a et blablablablablablablalba blablabla (je reprends mon souffle) et bla blablablablablabla blablablablabla blablablablablablablablablablablablablablablablablabla (je re-repends mon souffle) et blablablablablablablabla et ils veulent repartir.

HP :"je viens".

Bravement je me retourne et leur fait signe que tout est ok, bien que d'après le ton je n'en sois plus si sûre... On attend........... On attend toujours.................. IL arrive tout doucement, version "Hervé Pupier", sans un mot, sans un regard et je me dit que je me suis trompée dans les dates, qu'il n'attend personne, que j'ai fait une erreur, puis passé cet affreux moment de doute je me dis que ça va aller que c'est un mauvais moment à passer, que je dois savoir affronter des situations comme celle-ci et patati et patata, et que finalement moi aussi je partirais bien dans l'autre sens ! J'en arrive presque à regretter de l'avoir fait venir.

J'entends "Oh nom d'un chien.......j'espère qu'en plus il ramène pas les chiens". Il nous fait entrer, ne décroche pas un mot ou c'est tout au moins l'impression que j'en ai, car il a sûrement dit les banalités d'usage mais l'impression première est malgré tout un grand moment de solitude devant ce Monsieur, et je réalise que finalement on est bien peu de chose en ce bas monde.....surtout moi en cet instant.

Les chiens aboient toujours, je les avais presque oublié, il est vrai qu'à côté de Monsieur H.P. (le plus jeune de mes enfant a longtemps pensé que j'avais fait un stage chez Harry Potter, et donc que j'étais devenu incollable en magie) on n'entend plus rien, on ne voit plus rien, on est juste en attente de ce qu'il va dire.....Heureusement il y a Sahel, elle aboie, elle appelle, je me lance en me disant que je suis suicidaire......

Moi : " Heu,.....est ce qu'on peut.....qu'elle......que je....que vous........"

Monsieur Pupier est "désolé" pour moi, je le vois bien à son expression très explicite, il se dit "et si elle prenait des mots pour faire une phrase cohérente, ce serait plus simple pour communiquer, enfin va falloir que je m'y fasse j'en ai pour 15 jours, ....Patience Sainte patience....aidez-moi"

Moi, je prends mon élan : "est ce qu'elle peut sortir ?"

HP : oui

Moi, éperdue de reconnaissance mais contrôle total sur le débordement qui me gagne, c'est pas le genre de la maison, je réponds laconique : "merci" Et alors là "fiesta" chez Pupier, surprise incroyable, elle n'est pas du tout à l'image de son maître ! elle est adorable, souriante, du reste son job c'est hôtesse d'accueil au sein du groupe, et elle le fait bien, je me régale avec elle, elle adore les calins en redemande, bref elle m'a donné le goût du B.A. et depuis je consulte tous les sites des BA sur internet, elle ma donné le virus !

Quant au stage....je ne suis pas certaine de pouvoir encore en parler avec des mots, mais est-ce bien nécessaire, tout ce que je sais en revanche c'est que chaque fois que je suis devant un chien, je pense toujours à Hervé, j'ai toujours ses recommandations en tête, et surtout j'essaie de penser chien, d'oublier ma condition humaine, et me mettre à la place du chien....c'est pas facile, et lorsque j'ai des doutes, des remises en question (nécessaires pour avancer), des hésitations, c'est au bout du compte vers lui que je me tourne pour trouver réponse et surtout m'aider à démêler les confusions et les erreurs.

Et quand les gens au club me demandent comment savoir si leur chien est heureux, de quoi il a besoin, comment savoir s'il a compris ce qu'ils leur demandent, c'est là que je me dis que si on nous enlevait la parole, on serait perdu, mais le chien nous donne l'occasion d'apprendre un autre langage, que l'on a en soi, mais qu'on a oublié, le langage des gestes, des attitudes, du regard, et c'est ce langage là qu'on va ré-apprendre avec Hervé Pupier.

C'est un art qu'il pratique avec brio, et il fait de même avec les gens, il sait qui on est, peut-être même avant de le savoir soi même, il sait ce que l'on ressent avant qu'on ait eu le temps nécessaire pour réaliser pleinement ce qui nous arrive.

Alors merci pour ce que j'ai trouvé chez vous, pour ce que j'ai découvert sur le chien, et pour ce que j'ai appris sur moi. Et pour conclure je dirais que même si je voulais vous oublier, j'aurais du mal car mes chiens me rappelle à chaque instant votre message, et chaque fois qu'ils me fixent dans une immobilité parfaite, ils me parlent et me disent "Regarde moi j'ai des choses à te dire".

Très amicalement

Jocelyne Martinez